Qu’est-ce que l’association Tremplin Extraordinaire ?
C’est une association loi 1901 créée en 2017 dans le but de favoriser l’insertion professionnelle et sociale des personnes handicapées. Son premier projet a été la création, à Paris, de La Belle Étincelle, un restaurant où la majorité des salariés sont porteurs de handicaps. L’association pilote ce projet en rassemblant les financements nécessaires, en réunissant des partenaires associatifs et institutionnels, en créant la structure, en accompagnant son recrutement et en assurant la communication.
La Belle Étincelle est-il un restaurant comme les autres ?
Oui, si ce n’est qu’il a quelque chose en plus. C’est un restaurant de qualité, qui propose une cuisine française revisitée à partir de produits locaux et de saison. Mais c’est aussi une belle aventure humaine et solidaire puisqu’il emploie huit jeunes entre 19 et 35 ans atteints de troubles cognitifs et mentaux, quatre en salle et quatre en cuisine, qui sont ravis d’avoir un travail et de toucher un salaire. Ils sont très motivés, raison pour laquelle il n’y a pas de turn-over.
Employer des personnes handicapées, cela requiert des adaptations ?
Oui, mais elles sont légères. Nos jeunes ne travaillent que 25 heures par semaine pour ne pas générer trop de fatigue. Une salle de repos est à leur disposition pour les moments où ils ont besoin de décompresser. Les menus sont dotés de pastilles de couleur facilitant la prise de commande. Et nous avons des encadrants issus de la restauration qui viennent en support, sans être non plus trop invasifs.
Quels sont les atouts d’une telle initiative pour les équipes et pour les clients ?
En plus d’apprécier les plats du restaurant, les clients sont contents de participer à quelque chose de beau et de juste. En cuisine, le chef doit accompagner la montée en compétences en faisant preuve d’écoute et d’ouverture d’esprit, ce qui fait bouger les lignes de la restauration. En salle, cela redonne du sens et du souffle à des professionnels qui, pour certains, étaient blasés par leur métier. Quant aux jeunes, c’est pour eux une insertion sociale qui les valorise, leur permet de déployer leurs talents, de gagner en confiance, en autonomie, et de s’épanouir.
Faire appel à du personnel handicapé pourrait-il être une solution pour les restaurants classiques qui ont du mal à recruter ?
Oui. D’ailleurs, nous aimerions proposer un accompagnement dans ce sens à d’autres établissements car il y a une grosse main-d’œuvre disponible. Mais comme nous sommes tous bénévoles au sein de l’association, cela prend du temps à mettre en place.
La Belle Étincelle a inspiré un téléfilm passé récemment sur M6. Comment s’est déroulée cette aventure ?
Le papa d’un des jeunes est producteur, et c’est l’un de ses amis réalisateur qui a voulu en faire un film. Tous les jeunes ont été au moins figurants. Le restaurant a été reconstitué dans un autre lieu car on ne pouvait pas fermer pendant les deux semaines de tournage, mais l’ambiance y est bien retranscrite. Le film a fait du bruit. C’est un super outil de communication pour porter la cause.