« Petite, je n’étais pas trop pâtisseries » Nina Métayer

On a beau faire les 400 coups étant gamine avec sa meilleure amie, arrive le temps des premières pâtisseries et, sortant du four, des gâteaux au doux parfum de souvenirs. Chaleureuses et souvent amusées, retour sur les jeunes années de Nina Métayer.
Article rédigé par
Jean-Pascal Grosso

Le grand souvenir de votre enfance ?

C’est lorsque je faisais beaucoup de bêtises avec Valentine, ma meilleure copine d’enfance. Ces grosses bêtises restent mes plus beaux souvenirs. Petite, je n’étais pas trop pâtisseries. Je me souviens aussi de ma grand-mère qui nous faisait souvent du poisson parce que nous étions à La Rochelle. C’est ma sœur qui cuisinait avec elle la plupart du temps et elle me courait après avec des yeux de poisson au creux de la main. Elle faisait exprès de me les lancer dessus.

Le plat qui vous a marquée ?

J’adorais les tomates farcies de ma grand-mère avec du riz qu’elle mettait dans le fond et qui cuisait avec le jus des tomates. Ça caramélisait. Je me rappelle très bien la saveur, le parfum.

Refaites-vous cette recette ?

Le problème, c’est que je serais incapable de la faire aussi bien. C’est trop triste. Je préfère donc me nourrir de ce beau souvenir.

Votre premier restaurant ?

Là, ça va faire sourire ma famille, parce que c’est elle qui me l’a raconté. Ce devait être pour les 60 ans de mon grand-père ou les 50 ans de ma grand-mère, je ne sais plus. Mon premier restaurant, apparemment, c’était Au Crocodile à Strasbourg. Nous étions tous réunis dans ce très bel endroit avec un énorme crocodile empaillé. Et moi, m’a-t-on dit, j’étais entrée dans la cuisine pour y faire ma petite vie.

© DR

Avez-vous déjà cuisiné pour votre famille ?

Pour mes grands-mères, par exemple ? Avec ma grand-mère maternelle, c’était assez simple. Elle était très mauvaise cuisinière, ai-je envie de dire, et elle l’assumait complètement. La seule chose qu’elle réussissait, tous les mercredis, quand j’étais chez elle à Strasbourg, c’était des blancs de poulet à la crème et aux herbes de Provence avec du riz blanc. C’était son plat le plus abouti. Elle me l’a appris. Du coup, j’étais très fière d’être capable de le refaire alors que je n’étais qu’en primaire. J’ai fini par le cuisiner toute seule. Je me souviens que ça me semblait extrêmement compliqué alors que c’est la recette la plus simple du monde et que ce n’est pas particulièrement bon.

Avec mon autre grand-mère, celle qui cuisinait les tomates farcies, c’était tout autre chose. Elle était excellente cuisinière, avec quelques plats fétiches. J’adorais ces moments où mon grand-père lui rapportait des tas de choses du jardin. Il était fou de jardinage. Il lui rapportait des cageots entiers de légumes à cuisiner. Ma grand-mère, elle, n’en pouvait plus. Quand il rentrait de son jardin, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle se retrouvait avec trop de choses à préparer. Le soir, nous faisions aussi des galettes charentaises avec ma grand-mère. Mais là, c’était plus facile.

Quelle pâtisserie feriez-vous goûter à vos grands-mères ?

Alors, ma grand-mère maternelle n’est pas très pâtisserie. Plutôt des cookies. Je lui en ferais parce que ça me rappelle une anecdote. Elle avait un peu Alzheimer et il y avait des gamins de l’école d’à côté qui venaient sonner chez elle pour lui vendre des cookies. J’étais présente. J’avais bien vu leur manège. Ça m’amusait. Elle leur en a acheté quatre fois de suite. 

© Louise Marinig

Mon autre grand-mère, elle, était très gâteaux. Elle faisait ses bûches elle-même en fin d’année. Elle s’appliquait beaucoup. Elle mettait beaucoup de cœur à faire sa bûche à la crème au beurre qui était exceptionnellement grasse mais très chouette. Et puis, j’ai gardé en moi ce que j’aimais le plus : l’odeur du gâteau au four. Ah ! Et les bananes flambées aussi ! À l’époque, on flambait encore les bananes au rhum pour les enfants. C’était trop bon.

À table, en famille, quel est votre menu ?

Alors moi, je ne choisis pas tout le temps, parce j’ai une famille extrêmement maniaque sur la nourriture. C’est-à-dire qu’il faut que tout soit parfait. Sinon, quand je suis seule avec mon mari, soit on se chauffe un truc vite fait, genre pâtes au beurre, soit on prépare quelque chose de super travaillé. Entre nous, il n’y a pas trop d’entre-deux. Nous pouvons ainsi cuisiner pendant cinq heures. On va prendre un livre de Yannick Alléno, sortir une recette, et aller faire tout le tour de Paris pour trouver chacun des ingrédients. Aujourd’hui, plus je vieillis, plus je reviens également vers les plats mijotés de ma mère, le bœuf bourguignon, des classiques comme ça, mais bien travaillés. J’y mets du cœur.

Crédit photo :
Louise Marinig, DR
Article paru dans le n°
8
du magazine.
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