Passionné d’aquariophilie (l’élevage en aquarium), Michel Peter tombe en 2019 sur une publicité pour l’aquaponie, une méthode de culture de plantes et d’élevage de poissons dans le même système. L’idée d’une reconversion germe. Après 25 ans dans le trading pour l’industrie pétrolière en Suisse, il profite de la pause imposée par le Covid. Il suit une formation en pisciculture (élevage de poissons) et passe un brevet de responsable d’exploitation agricole. En août 2021, dans sa ferme aquaponique du Pays de Gex (Ain), Michel vend ses premiers légumes.
« J’ai appris le jardin tout petit avec ma grand-mère, confie-t-il. Mais ici, avec l’aquaponie, c’est différent, il n’y a pas de terre. Les plantes poussent sur des radeaux en polyéthylène réticulé, une matière alimentaire imputrescible. Les racines puisent directement dans l’eau chargée en effluents par les poissons. Après cette phyto-épuration, l’eau repart purifiée vers les bassins des truites, en circuit fermé. Ils sont alimentés par de l’eau pluviale. La serre n’est ni chauffée ni éclairée, et aucun produit phytosanitaire n’est utilisé (uniquement des insectes auxiliaires, des associations de cultures et des purins de plantes). Toutes les six semaines, l’eau est testée pour vérifier sa qualité nutritive, assurée à 95 % par les truites, avec un complément de 5 % en nutriments (bore, zinc…). »
Il y en a deux : les truites arc-en-ciel et les légumes. Les premières, à la chair blanche, sont nourries avec des aliments bio non colorés. Elles sont vendues en portions
(pour les plus jeunes) ou en filets et en pavés frais, mais elles sont aussi fumées sur place. Quant aux légumes, ils suivent le rythme des saisons : salades, choux variés, blettes, tomates (13 variétés)…
La boutique jouxtant la serre est ouverte trois jours par semaine. Michel et sa femme Hélène sont présents au marché de Divonne-les-Bains le vendredi et le dimanche matin. Plusieurs fois dans l’année, le couple organise des portes ouvertes pour faire visiter les 2 000 m2 de l’exploitation (les trois quarts pour la serre et le reste pour la pisciculture). Ces journées sont généralement accompagnées d’un repas à base de truites, déclinées, suivant la saison, en rillettes, fumées ou encore en grillades.
La France compte à peine une dizaine de fermes aquaponiques. Selon Michel, « cette pratique économe en foncier, en produits phytosanitaires et en engrais suscite la curiosité. Nous formons de nombreux jeunes de lycées agricoles, agronomiques ou aquacoles. Les stagiaires passent un à deux mois dans l’exploitation. La transmission, c’est fondamental pour moi. L’aquaponie est le mode de culture du futur ».