Fondée en 1929 à Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse, la presque centenaire Maison Augier & Fils a été rachetée en 2021 par Pierre et Sophie d’Agay. « Depuis mon enfance, les ruches ont toujours fait partie de ma vie. Après quelques années à la direction de grandes entreprises, j’ai décidé, avec mon épouse, de reprendre une maison qui fait du bien à la planète », raconte Pierre d’Agay. Pierrick Augier, l’arrière-petit-fils du fondateur, officie aux côtés des nouveaux propriétaires.
La Maison Augier & Fils travaille avec une quarantaine d’apiculteurs, propriétaires de quelque 6 000 ruches, ce qui représente environ 240 millions d’abeilles. Leurs récoltes arrivent à Vaison-la-Romaine dans des fûts de 300 kilos. Pour mener la production à maturation, le processus est long et précis : on laisse les fûts reposer deux ans maximum dans une chambre à basse température (14 °C), puis on procède au défigeage du miel, c’est-à-dire au passage à la température de la ruche (entre 35 °C et 38 °C). Il est ensuite filtré au tamis avant sa mise en pots, qui doit se faire le plus rapidement possible. Ceux-ci sont de nouveau stockés en chambre froide, pendant au moins trois semaines ; ils peuvent y rester plusieurs mois avant d’être proposés à la vente. Chaque année, l’entreprise conditionne près de 75 tonnes de miel.
« Notre miel de lavande Label Rouge, avec ses propriétés aromatiques fortes, a un joli bouquet au nez, une explosion en bouche et une persistance en fin de dégustation », explique Pierre d’Agay, qui compare volontiers le vocabulaire propre à la dégustation du miel à celui que l’on utilise pour le vin. « Le miel, à l’instar du raisin, est un produit fragile, qui connaît des variations de couleur, de texture et de parfum d’une année sur l’autre ou d’un apiculteur à l’autre, en fonction des floraisons ou de l’emplacement des ruchers. »
Amoureux du miel et, par extension, des abeilles, Pierre et Sophie d’Agay accueillent volontiers les visiteurs dans leur atelier. Idéalement, mieux vaut en faire la demande en amont. Ensuite, les maîtres des lieux dévoilent tous les secrets (ou presque) du divin nectar. « Virtuellement, il existe autant de miels que de fleurs », explique Pierre, qui propose systématiquement une dégustation de six ou sept miels différents, du plus doux au plus corsé.
« Je me souviens de ce couple venu visiter l’atelier avec leurs deux enfants. Si le petit garçon était enthousiaste, la fillette m’avait opposé un non catégorique, précisant : “Je n’aime pas le miel.” Voyant ses parents et son frère qui se régalaient, elle a finalement tenté l’expérience et m’a dit avec un grand sourire : “J’aime pas le miel, mais ça, j’aime.” Cela m’a mis du baume au cœur, j’ai pensé au travail des abeilles et des apiculteurs. Le miel est aujourd’hui le seul aliment non transformé sur la planète… quand il est produit dans les règles de l’art. »