L'eau, retour aux sources

Qu’elle soit minérale, pétillante ou microfiltrée, l’eau a su retrouver sa place à table. Au restaurant comme à la maison, elle offre de nouvelles expériences rafraîchissantes, alliant plaisir gustatif et engagement écologique.
Article rédigé par
Salomé Dollinger

Le chiffre 2 serait-il celui de l’eau ? Sa journée mondiale a lieu le 22 mars et seulement 22 % des Français en consomment 2 litres par jour (1). Globalement, ils sont méfiants quant à la pollution : 36 % considèrent que l’eau en bouteille serait plus sûre que celle du robinet car, selon eux, elle ne contiendrait aucun pesticide ni aucune microparticule plastique. Des idées reçues balayées d’un revers de manche par l’enquête conjointe du Monde et de Radio France, qui a révélé récemment qu’un tiers des marques françaises a subi des techniques de purification interdites pour les eaux dites « de source » ou « minérales naturelles ». Ce processus de désinfection aurait permis de masquer une contamination… L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a notamment relevé la présence de pesticides (en décomposition ou métabolites) et de PFAS, ces polluants éternels qui ont fait l’objet d’une loi en avril 2024, les interdisant dans les vêtements et les cosmétiques (mais pas les poêles !). Heureusement, d’autres marques ont fait preuve d’authenticité et d’innovation au fil de l’eau…

En matière d’eaux minérales naturelles, la France regorge de trésors : les Côtes-d’Armor ont leur Plancoët, la Haute-Savoie sa Thonon, l’Ardèche sa Vals, le Puy-de-Dôme sa Volvic… Côté tendance, les grands formats cartonnent ! En 2023, Wattwiller sortait sa fontaine 5 litres en carton recyclé, reflétant parfaitement les engagements de la PME alsacienne, la première à être devenue 100 % neutre en carbone sur la totalité du cycle de vie de ses produits. La start-up Merci Walter, elle, propose un service de livraison de cubis éco-conçus pouvant contenir jusqu’à 10 litres d’eau minérale. La livraison se fait en direct du producteur et elle est gratuite à partir de 50 euros d’achat. Pour l’instant, seules les villes de Paris, Versailles, Lyon, Lille et Nantes sont desservies. 

En 2023, Wattwiller lançait sa fontaine 5 l en carton, une alternative durable à la bouteille PET 1,5 l avec –60 % de plastique. © DR

Nouvelle cons(eau)mmation

Si la majorité des Français préfèrent l’eau plate, 7 % d’entre eux aiment aussi consommer de l’eau pétillante. D’où l’émergence des machines à gazéifier comme SodaStream®, Ninja ou Aarke qui, grâce à un cylindre de CO2, permettent de transformer l’eau du robinet en une eau qui pétille un peu, beaucoup, passionnément… La machine InFizz™ Fusion signée Sage Appliances® permet d’ailleurs de contrôler la libération du CO2 selon le type de boisson gazeuse souhaitée. Ou comment mieux consommer en évitant l’usage de bouteilles en plastique à usage unique !

La machine haut de gamme InFizz™ Fusion de Sage vient d’être nommée au Grand Prix de l’Innovation Électroménager de la Foire de Paris 2024. © DR
Avec Ninja Thirsti™, chacun peut choisir la gazéification de sa boisson, et même sa saveur et son intensité ! © DR

Surfer sur cette vague écoresponsable, Drink Waters l’a fait avec brio. Cofondée par l’acteur et producteur Kev Adams, la marque propose de l’eau de source des Alpes dans des bouteilles en aluminium recyclées et recyclables qui, une fois terminées, se transforment en gourdes. Les bouchons, eux, sont conçus pour être refermés 1 500 fois ! « L’idée, c’était de créer un contenant isotherme plus robuste que le RPET (2) et que l’on pourrait réutiliser. Un peu comme le pot de moutarde Amora qui devient un verre à eau ! », explique Guillaume Zarka, cofondateur de la marque. En version plate ou gazeuse, Drink Waters est disponible dans les épiceries de luxe et certaines market places comme Ankorstore. La marque a aussi équipé le festival Live Nation, certains villages de Club Med et l’Hôtel de Crillon à Paris. Pour la grande distribution, il faudra attendre que le marché suive sa mutation, bien que les eaux fonctionnelles Drink Waters soient déjà vendues chez Monoprix. Car aujourd’hui, les plus jeunes veulent s’hydrater avec du goût ! À Strasbourg, les eaux botaniques Hyca assouvissent cette soif de curiosité. 100 % naturelles et certifiées bio, elles font partie de cette nouvelle génération de boissons qui, malgré une promesse healthy, a de quoi ravir les papilles !

Acteur du changement, Kev Adams a cofondé Drink Waters qui reverse chaque année 1 % de son chiffre d’affaires à des organisations de protection et de nettoyage des océans. © DR

Et si je n’aime pas l’eau ?

S’hydrater est un geste essentiel à notre santé. Pourtant, nombreux sont ceux à trouver le goût de l’eau fade. Alors pour les encourager à boire les 6 à 9 verres recommandés par jour, la start-up australienne Waterdrop a créé les Microdrinks : de petits cubes fruités, sans sucre et faibles en calories, à dissoudre dans de l’eau plate ou pétillante. Avant-gardiste à ses débuts [la marque est née en 2017, NDLR], Waterdrop est aujourd’hui en phase avec ce double enjeu environnemental et de santé publique. « Nous permettons de réduire de 4 kilos les émissions de CO2 par rapport à 6 litres de boisson classique, et d’économiser 98 % de plastique », témoigne Thierry Soria, CEO de Trinki, la société qui a repris la distribution en France. Les plus geeks préféreront sans doute la technologie de la marque suisse BE WTR qui permet d’aérer et d’oxygéner l’eau du robinet, rendant sa texture soyeuse et son goût plus délicat. Un produit novateur récompensé en 2023 par le Red Dot Design Award dans la catégorie « Product Design ». 

Depuis quelques mois, on entend aussi parler des « eaux augmentées ». La start-up américaine Weo a par exemple mis au point une bouteille qui électrolyse l’eau, lui conférant des propriétés thérapeutiques allant bien au-delà de l’hydratation pure. Cet ovni connecté est équipé d’électrodes couvertes de diamant et de bore, ce qui explique sans doute son prix exorbitant de 199 € ! Plus accessible, la jeune marque française LXIR propose également des pastilles fruitées à mettre dans sa gourde. Son petit plus ? Elle est certifiée « complément alimentaire » car elle contient tous les apports journaliers en vitamines B et C ainsi que 43 allégations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). De quoi faire le plein d’énergie !

Fraîchement diplômés de l’EM Lyon, Guillaume Schegg et Aloys Piganeau réinventent l’hydratation avec les pastilles vitaminées LXIR. © DR

Comment s’équiper chez soi ?

52 % des Français boivent de l’eau du robinet. Et depuis la crise sanitaire, 1 français sur 4 s’est renseigné sur un système de filtration (1). Les purificateurs d’eau semblent particulièrement plaire à ceux qui cherchent une alternative durable au plastique. Ces dispositifs permettent en effet d’éliminer les micropolluants (chlore, traces de pesticides, résidus médicamenteux…) présents dans l’eau du robinet, tout en préservant ses minéraux naturels. Il existe plusieurs types de purificateurs d’eau : Culligan Intense est par exemple doté d’un filtre à charbon actif végétal et d’un bouton Click & Drink qui permet d’obtenir une eau plus pure d’un simple clic. Spécialisée dans l’adoucissement de l’eau, l’entreprise TnM a lancé Osmopure, un purificateur d’eau ultra-compact qui permet non seulement de filtrer l’eau, grâce à son filtre anticalcaire, mais aussi de la désinfecter par rayon UV à LED. Bye-bye les bactéries ! En Corrèze, Marylène Dupuis, gérante du Domaine de la Clauzade, a équipé tout son éco-village de purificateurs Berkey : « On a la chance d’avoir une eau au goût neutre ici. Sinon, un petit passage au frigo et hop, l’arrière-goût disparaît ! » Le principe de filtration fonctionne par gravité, avec un filtre à base de charbon de coco et d’argent ionisé, qui permet de filtrer différentes sources d’eaux « potabilisables » comme l’eau de pluie, de rivière, de puits… Autant de petits équipements qui mettent l’eau à la bouche ! 

(1) Étude Culligan, février 2024
(2) Ou plastique recyclé, un matériau fabriqué à partir de bouteilles en plastique post-consommation 

3 questions à Aurélien Farrouil, sommelier d’eau à La Grand’Vigne, le restaurant du palace Les Sources de Caudalie en Gironde.

© Lucas Gurdjian

Vous avez la double casquette goûteur d’eau et sommelier. Complémentarité ou différence ?

Complémentarité. Le goûteur d’eau met en lumière un produit supplémentaire, apporte une expérience complémentaire à la sommellerie traditionnelle. C’est une découverte : on invite le client à découvrir différentes eaux et sources, à l’instar des vignobles. C’est un plus sur la carte, et non une concurrence.

Existe-t-il des règles de dégustation similaires au vin ?

Oui, la température de service, par exemple. On sert l’eau entre 10 et 12 degrés, comme le vin blanc. L’eau ne se boit pas trop frappée afin de ne pas anesthésier le palais, car il y a des textures dans les eaux. On emprunte également certains mots de vocabulaire, comme la salinité et la minéralité. On peut parler de rondeur en bouche, de fraîcheur aussi. Mais le lexique reste plus simple que celui du vin.

Peut-on parler de grands crus en matière d’eau ?

On parle plutôt de grandes sources selon l’origine des sols : roche, argile, sable… Le prestige varie en fonction. Mon coup de cœur ? La source des Abatilles, tout près de chez nous, sur le bassin d’Arcachon. Je la trouve très équilibrée et douce.

L’eau du soleil levant
Fillico est une belle eau de gastronomie – la plus chère d’Asie (environ 200 € la bouteille). Elle possède naturellement un goût citronné et se marie bien avec des huîtres. Tel un joyau, chaque bouteille est fabriquée à la main et sertie de cristaux Swarovski.
Les restaurants s’y (re)mettent
L’eau a toujours eu une place de choix dans les restaurants. Pionnier et insolite, le Colette Water Bar proposait une soixantaine d’eaux venues du monde entier. Une adresse confidentielle, située au sous-sol de Colette, mythique concept store parisien, où toute la fashion sphère aimait s’attabler. Hélas, le Colette Water Bar a dû fermer en même temps que Colette, en décembre 2017. Depuis, les chefs misent sur l’exclusivité. Christophe Marguin, chef émérite et président des Toques Blanches lyonnaises, s’est par exemple associé à l’Eau de Sail, une eau millénaire d’exception. La cheffe Camille Guérin (À Table), elle, a équipé son restaurant bistronomique de fontaines à eau microfiltrée Castalie. Et Chef Damien (750g La Table) est allé encore plus loin, en créant Necense, une boisson hybride à destination des professionnels en quête d’alternatives aux boissons industrielles. « En tant que restaurateur, je trouvais dommage de cuisiner des produits locaux, de sélectionner des vins bio… et de proposer du Coca ! Alors j’ai créé une solution sèche et solide, à mélanger avec son eau habituelle pour créer un concentré qui se conserve trois mois au réfrigérateur. » Ginger beer, tonic, limonade… Necense compte aujourd’hui 8 recettes, garanties sans arômes artificiels et sans plastique. Une boisson plaisir déjà à la carte de 300 restaurants français, dont une trentaine d’étoilés !
Crédit photo :
Shutterstock, Eugénie Martinez, DR
Article paru dans le n°
7
du magazine.
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