Guy de Maupassant affirmait que « le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout »… Est-ce pour cette raison que l’une des copies originales du Baiser de Rodin est exposée au Domaine Faiveley, dans le patio de la cuverie historique ? Les promeneurs peuvent admirer ces deux amants enlacés, Paolo et Francesca, en passant devant le 38 rue du Tribourg, à Nuits-Saint-Georges. Faut-il y voir l’évocation de l’amour pour les vins ? Sans doute, mais pas uniquement…
Cette œuvre de Rodin n’est pas là par hasard. Pour Erwan et Ève Faiveley, frère et sœur, représentants de la septième génération à la tête de la maison, il ne s’agit pas de collectionner des sculptures monumentales, à l’instar de nombreux châteaux et propriétés viticoles, mais bien d’établir subtilement un lien fort entre le passé et le présent : « Nous avons fait en avril dernier l’acquisition d’une copie originale du Baiser, l’une des douze qui existent dans le monde, car nous souhaitions rendre un hommage appuyé à notre arrière-grand-oncle, Maurice Fenaille, qui était non seulement un ami intime du sculpteur mais aussi son mécène. »
Le Domaine Faiveley est une véritable institution sur la fameuse Côte d’Or. Cette bande de terre qui s’étire de Dijon à Beaune sur 60 kilomètres de long regroupe en effet une partie de toutes les appellations mythiques de cette noble région viticole : Romanée-Conti, Chambolle-Musigny, Musigny, Morey-Saint-Denis, Richebourg, Vosne-Romanée… Le domaine produit des vins sur une partie de ces plus beaux terroirs, dont un fabuleux musigny élaboré sur seulement 3 ouvrés (soit environ 4 ares), pour 500 à 600 bouteilles par millésime. La famille Faiveley est également propriétaire sur la Côte chalonnaise et la Côte de Beaune. « Nous possédons au total plus de 120 hectares de vigne, rappelle Erwan Faivelay, directeur général, en charge de l’élaboration des vins. Cela nous permet de disposer d’une gamme assez complète, d’autant que nous sommes par ailleurs négociants, c’est-à-dire que nous achetons des raisins à d’autres propriétaires locaux. Nous tenons à leur apporter la même attention qu’à ceux du domaine. Nous considérons nos vins Joseph Faiveley comme un négoce bourguignon “haute couture”. »
« Il m’est bien difficile d’avoir une préférence pour telle ou telle parcelle, confie Erwan Faivelay. C’est un peu comme favoriser l’un de ses enfants ! S’il le fallait néanmoins, je citerais le corton “Clos des Cortons Faiveley”. » Le frère et la sœur accordent à cette parcelle une valeur sentimentale particulière : véritable fleuron du domaine, elle a en effet été l’un des premiers lopins de terre acquis par Joseph Faiveley, représentant de la deuxième génération, en 1874. Elle incarne aujourd’hui les racines familiales bien ancrées dans ce magnifique terroir. « Nous sommes habités, mon frère et moi, par l’envie de préserver et de transmettre ce patrimoine unique à nos enfants, déclare Ève Faiveley. Nous sommes conscients de la chance que nous avons d’écrire, à notre tour, une page de notre histoire familiale. »
Ici, le voyage dans le temps se ressent à travers les vins et les millésimes de la maison, grâce à l’émotion que procure, par exemple, la dégustation d’un chambertin-clos-de-bèze « Les Ouvrées Rodin » grand cru. La destinée des Faivelay passe par le vin. Et s’accorde désormais avec l’art.