Story

La Tour d'Argent

Paris 5e
Édifié face à Notre-Dame de Paris, dans un style symétrique typique de la Renaissance, l’immeuble historique du quai de la Tournelle dévoile son nouvel écrin après une rénovation de haut vol depuis le rez-de-chaussée jusqu’au toit.
Article rédigé par
Salomé Peter-Dollinger

Paris, 1582. Un restaurant, souvent considéré comme le premier de France, s’érige en miroir de la Seine : l’Hostellerie de la Tour d’Argent, où s’affaire un dénommé Rourteau. Au menu ? Pâté de héron et poule au pot tant aimés d’Henri V, bœuf entier préparé de 30 manières différentes pour le duc de Richelieu sont servis au cœur de cette tour bâtie avec une roche champenoise sertie de mica – c’est la brillance de ces pierres qui donne son nom à l’établissement. Rapidement, La Tour d’Argent devient l’adresse incontournable des têtes couronnées. 

Inspiré des années 1930, le bar des Maillets d’Argent mêle boiseries en chêne, fauteuils verts et comptoir en étain. © Matthieu Salvain

Métamorphose historique

La princesse Elizabeth II y découvre, à l’occasion de sa première visite en France, en 1948, le plat signature de la maison : le canard au sang, découpé à bout de fourchette sans qu’il touche le plat. Rebaptisé « caneton Frédéric Delair », en hommage à son créateur, le millionième a été servi un soir d’avril 2003. 

Pour l’occasion, un somptueux carré Hermès, tout de canards bleutés vêtu, était offert aux dames de la Tour. On peut aujourd’hui l’admirer dans le Bar des Maillets d’Argent, au classicisme repensé : l’une des nouveautés, située au rez-de-chaussée, en enfilade du vestibule où trône un lustre coiffé de 277 pampilles en verre extra-clair, suspendues à un crochet en métal inspiré des fixations murales traditionnellement utilisées pour décorer les murs d’assiettes. Une brillante idée mêlant Art déco et esprit industriel.

Orchestrée par l’architecte et designer Franklin Azzi, la rénovation est la plus importante que le restaurant ait connue depuis 1936, année où son propriétaire, Claude Terrail, l’a hissé au 6e étage, pour dîner en tête à tête avec Notre-Dame. Le succès est immédiat et perdure : « Chère Tour d’Argent, je t’aime », poétise Charles Trenet. « Oui, le miracle est possible à La Tour d’Argent ! C’est de l’or ! » s’exclame Juliette Binoche… Autant de compliments parsemés sur les murs de la pièce noire menant à l’ascenseur. Celui-là même qui a fait des siennes lors de notre visite… 

C’est donc essoufflée – mais vite bouche bée – que nous arrivons au restaurant panoramique. Bleu iconique, argenterie Christofle, canards en cristal de Baccarat, bible des vins d’un poids de 8 kg (300 000 bouteilles reposent dans la cave !)… 

Attenant au bar et aménagé autour d’une cheminée de style Régence, le salon Frédéric appelle à la détente. © Matthieu Salvain

Nouveautés à tous les étages

Son identité moderniste est conservée, bien qu’empreinte de nouveautés. Au mur, la fresque d’Antoine Carbonne conte joyeusement l’histoire de La Tour d’Argent. Et la cuisine s’ouvre désormais sur la salle, offrant un bal de toques et de fracs parfaitement en rythme.

Carte postale vivante de Paris, La Tour d’Argent s’agrémente donc aujourd’hui d’espaces inédits : outre le Bar des Maillets d’Argent, ouvert de 9 heures à minuit pour un café-croissant, le tea time ou un cognac, L’Appartement, avec sa salle à manger privée au 5e étage, et le rooftop, au 7e étage, qui sera à découvrir aux beaux jours. Autant de bonnes raisons d’y faire un tour pour vérifier les dires d’André Terrail, représentant de la troisième génération à la tête de la célèbre adresse parisienne : « La Tour de demain, c’est la Tour de toujours ! »

© DR
Pourquoi il faut s’y attabler au moins une fois
Au restaurant étoilé, Yannick Franques apporte la juste dose de modernité à la carte. Sa source d’inspiration ? « Le livre de Claude Terrail datant des années 1970. J’étudie ses recettes et je les remets au goût du jour », confie le chef et MOF. C’est ainsi que l’emblématique canard – toujours accompagné de ses pommes soufflées – se décline en plat hautement savoureux. On retrouve aussi les crêpes Mademoiselle, flambées devant le client et accompagnées de perles de lait cru de la Chalotterie, l’une des fermes d’Île-de-France où s’approvisionne le chef. Le foie gras des Trois Empereurs offre aussi une nouvelle expérience, tout comme les célèbres quenelles de brochet et le Mystère de l’œuf. Un héritage culinaire au service d’une gourmandise contemporaine.
15 Quai de la Tournelle, 75005 Paris
Crédit photo :
Matthieu Salvaing, DR
Article paru dans le n°
5
du magazine.
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